DISCIPLINES PERSONNELLES ET SAMSKARAS

Semaine de Jeûne du 1^er au 7 juillet 2019

Ne suis pas le chemin ; va plutôt où il n’y a pas de chemin, et laisse une trace derrière toi – Ruby Bridges

Pourquoi ma décision de jeûner une semaine ?

Nous vivons une époque étrange où nous sommes littéralement conditionnés par la pensée dominante du « ce que je ne connais pas n’existe pas » (la dissonance cognitive qui m’agace beaucoup),  le plus souvent assénée par le commun des mortels et au pire par des médecins qui ne connaissent pas les travaux consacré aux vertus du  Jeûne.

Par ailleurs, le besoin  est devenu évident pour moi de mettre en cohérence ma pratique de yoga avec ma façon de le vivre. Comment inciter mes élèves à adopter le yoga comme discipline de vie, si je ne l’incarne pas totalement ?

Le Yoga sutra de Pantajali décrit - dans l’aphorisme II.32 - les disciplines personnelles

« Purification – contentement – discipline de vie – étude de soi par les textes sacrés – dévotion à l’Un sont les principes personnels »

Si j’ai déjà adopté le yoga comme discipline de vie, si le contentement envahit de plus en plus ma vie, si j’étudie régulièrement le Yoga Sutra de Pantajali considéré comme Texte sacré,  la purification est restée dans le placard !

A moi, les agapes, le bon vin, les gourmandises … sans modération.

J’aime la fête, un peu trop sans doute.

Mon prochain défi est la réduction alimentaire et l’abstinence totale et temporaire de nourriture.

Ma décision prise, finalement je n’en menais pas large tant les repas structurent mes journées.

Une sorte de peur, de malaise, m’envahissait au fur et à mesure que la date approchait.

Pourquoi ? Ni ma vie, ni ma santé n’était en jeu, au contraire j’allais pouvoir remettre en question mon hygiène de vie, purger mes systèmes hépatiques et intestinaux, perdre du poids, avoir une meilleure numération sanguine.

Tout bénéfice !

Alors, qu’est ce malaise ?

Après avoir cherché « au fond », réfléchi au calme, je crois que, en ce qui me concerne,  ce qui est dérangeant c’est de sortir d’un conditionnement lié aux repas.

Dans le Yoga Sutra de PANTAJALI, le conditionnement est défini par le mot SAMSKARA

 Depuis 62 ans, je mange trois fois par jourDepuis mon enfance, j’entends que je dois finir mon assiette car des enfants pauvres seraient bien contents de pouvoir manger toute mon assiette.

Depuis mon enfance, j’entends que je dois finir mon assiette car des enfants pauvres seraient bien contents de pouvoir manger toute mon assiette.

·   Qu’il faut bien manger pour grandir, pour être en bonne santé (tout dépend d’ailleurs, comment on interprète le mot « bien » dans cette phrase ?)

·   Qu’il ne faut pas être difficile vis-à-vis de la nourriture

·   Que pour bien recevoir ses invités, il faut présenter un repas riche en calories et en vins

     Que l’apéro alcoolisé est indétrônable et qu’il est de bon ton d’insister pour que les gens se resservent

      Que l’Armagnac fait digérer (OK : mais quelle quantité ?)

Je suis persuadée que ces conditionnements (samskaras) représentent une privation de liberté pour moi et il est pour moi de faire l'expérience du jeûne, le temps de prendre conscience de son impact sur ma vie, de l'incarner.

Dans le Yoga Sutra – aphorisme II.15, Pantajali dit notamment que :

 « …. assurément tout est souffrance du fait du changement, de l’anxiété, des conditionnements… »

En ce qui me concerne, je me rends compte que les repas représentent, en quelque sorte, LE conditionnement le plus difficile à remettre en question.

Le jeûne dans le Gers

Nous sommes 4 à être dans cette démarche de jeûne :

·    Notamment, il y a Eliane – 81 ans – qui entame sa deuxième semaine de jeûne.

·    Leslie opérée d’un cancer du sein il y a 8 mois et qui cherche à éliminer sa chimiothérapie.

·    Béatrice qui veut remettre perdre du poids.

·    Et moi.

Les deux premiers jours sont difficiles : j’ai faim !!

Je bois de l’eau et des tisanes pour remplir mon estomac, je vais uriner tout le temps, nuit comprise.

Le troisième jour : plus de sensations de faim mais une lassitude s’installe.

Ma tension artérielle (surveillés quotidiennement par un médecin) est en baisse, mon rythme cardiaque est en hausse.

Le médecin dit que c’est le nettoyage du foie et des intestins prend de l’énergie et que tout est normal.

D'un autre côté, il me semble que mon esprit est plus clair, ma capacité de concentration plus affûtée.

Mon conditionnement est tel que je continue à définir ma journée de jeûne en fonction de l’heure habituelle des repas : faire du yoga/méditer et aller marcher avant le petit déjeuner, se reposer et faire des activités après le déjeuner, le bouquin que je choisis de lire après le repas du soir ( !!!).

Mise en énergie – Pratique de yoga adaptée.

En ce qui me concerne, dans ma pratique de yoga matinale, je mets en place une pratique simple et douce à base d’étirements avec « une respiration tendresse » (respiration déstructurée, sans contrainte de durée ou coordination souffle-mouvement).

Puis je choisis un pranayama qui privilégie les rétentions de souffle poumons pleins pour me redonner du tonus.

Et ça fait une grande différence :

Ma tension est moins basse et je suis moins fatiguée que les autres qui semblent affectées par la fatigue, alors que je pars marcher pour une balade de 3 kms tous les jours

Je suis en forme, même si j’adapte mon rythme de marche.

Fin du séjour 

Toujours pas faim, mais une sensation étrange mais confortable au niveau de l’estomac …. Pas douloureux ! 

Il manque quelque chose... Mon conditionnement est encore prégnant.

Je pense que ma tête trouve bizarre que je ne mange plus. 

De plus, l’heure des repas ne rythme plus mes journées et c’est déstabilisant.

Alors, je profite allègrement du jacuzzi, de la piscine, du sauna, des massages et je me balade un peu tous les jours.

Une expérience peu banale qui m'aura permis de me rendre compte combien les messages du passé, les rapports sociaux, les habitudes impactent ma vie et combien sortir de ces conditionnements reste problématique et me dérangent.

Ce fut une expérience peu banale !