Aveyron août 2021 - Marche et Joie profonde

 Le Yoga Sutra de Pantajali dans l'aphorisme 1.17 évoque notamment  "la joie profonde" - ANANDA - que l'on éprouverait grâce à une "pratique persévérante et au détachement" ; alors l'esprit passerait de la dispersion mentale à l'état de yoga par une perception juste de la réalité profonde de l'essence des choses.

Il n'est pas erroné de penser que la marche, de plus ou moins longue durée, peut être assimilée à "une pratique persévérante".

La joie profonde perçue dans la marche n'est pas la contemplation satisfaite d'un résultat accompli : c'est exécuter "facilement" ce qui est difficile et qui a pris du temps, sans le narcissisme procuré par l'accomplissement d'un défi (comme la randonnée en haute montagne par exemple où la conquête de sommets qui donne lieu à des satisfactions narcissiques).

La joie profonde liée à la marche est continue. Bien sûr, il existe l'effort et la peine liés à l'exercice prolongé (et les ampoules aux pieds) mais aussi il y a les contentements simples, loin de l'esprit de compétition : rester le souffle coupé par la beauté de la Nature, la bruyère en fleur, l'esthétique architecturale d'un vieil édifice, la majesté d'un arbre solitaire, ...

 La joie profonde liée à la marche est la joie d'exister pleinement et simplement.

S'asseoir et étendre simplement les jambes sur un fauteuil opportunément trouvé au détour du chemin, prendre le temps de s'arrêter et de sourire à l'humour d'une marionnette  fabriquée de bric et de broc,  manger et boire tranquillement assis sur l'herbe, étirer son corps avec une pratique de yoga simple après toute une journée de marche, contempler le coucher de soleil .... procurent une joie d'une grande intensité et d'une humilité absolue : celle de Vivre, de se sentir ici, de goûter sa présence et celle du monde en harmonie.

La marche fait apparaître avec le repos, la plénitude, cette joie profonde, plus fondamentale liée à la certitude que le corps respire doucement, et je suis là à ma place